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L’Ecclésiaste ou Le Prédicateur

 

Adrien Ladrierre (probable)

 

Table des matières :

1     Le Prédicateur

1.1     Un livre qui parle de nous !

1.2     Ce qui se passe sous le soleil

1.3     L’instruction de Salomon et celle du Seigneur Jésus

2     Les travaux du Prédicateur

3     Le travail et l’importante leçon à en tirer

3.1     Chapitres 2 à 6 — Le travail : pour quoi et comment

3.2     Chapitres 4 et 5

3.3     Chapitres 6 à 11

4     Le but de tout le discours — Chapitre 12

4.1     Souviens-toi de ton Créateur aux jours de ta jeunesse

4.2     Aboutissement de la vie

4.3     Crains Dieu et garde ses commandements

4.4     Un jugement final

 

 

Bonne Nouvelle 1874 pages 5 à 10, 21 à 26, 41 à 47, 65 à 70

1                        Le Prédicateur

1.1   Un livre qui parle de nous !

Le livre qui va nous occuper maintenant offre plus d’un côté attrayant quand même le lecteur ne pénètrerait pas profondément dans les précieux enseignements qu’il renferme. Ce qui rend ce livre particulièrement intéressant, c’est peut-être parce qu’il parle de nous, et de ce que nous voyons tout autour de nous dans ce monde, et cela dans des termes dont nous ne pouvons qu’admettre la vérité. Quoiqu’il en soit, il est bien certain que ce qui se rapporte à nous-mêmes nous intéresse vivement, car nous sommes tous égoïstes de nature. Mais ce n’est pas en s’occupant de soi-même que l’on est heureux, bien s’en faut ; nous trouvons au contraire, d’un bout à l’autre de ce livre, que « tout est vanité et poursuite du vent » ; Et la parole de Dieu a soin de nous apprendre que le véritable bonheur consiste à s’occuper de Christ. Toutefois Dieu trouve bon que nous sachions réellement ce qu’il en est des affaires et des circonstances de cette vie ; et Il nous instruit à cet égard, parce que nous nous faisons beaucoup d’illusions quant à ces choses. L’amour-propre nous aveugle ; nous sommes sages à nos propres yeux, et nous voyons plus volontiers les défauts de notre prochain que ses qualités.

Tel n’était pas l’esprit de notre Seigneur Jésus Christ quand il vint dans ce monde s’occuper de nos péchés, et les prendre sur Lui, en subissant à notre place le juste jugement de Dieu contre le péché, afin qu’il pût nous amener devant son Dieu et Père, sans défauts, purs et saints, lavés dans son propre précieux sang ! Lui, Il s’est humilié afin d’exalter les plus vils, les plus misérables pécheurs ; Lui, quoiqu’Il fût riche, a vécu dans la pauvreté, afin que, par sa pauvreté, nous devinssions riches. Si Dieu nous a fait la grâce de croire à son amour merveilleux, manifesté en Jésus dans sa vie et surtout dans sa mort, qu’Il nous accorde aussi celle d’imiter notre Sauveur tandis que nous sommes encore dans ce monde !

 

1.2   Ce qui se passe sous le soleil

Dans le livre que nous allons parcourir ensemble, nous trouverons les expériences humaines de Salomon, et le résultat moral de toutes les expériences « sous le soleil » de ce grand roi qui était le plus sage de tous les hommes (1 Rois 4:31) ; mais le récit de ces expériences n’empêche pas que le livre qui en parle ne soit une partie de la parole de Dieu, divinement inspirée (2 Tim. 3:16), et écrite pour notre instruction (Rom. 15:4). Il est des gens qui ont traité avec un certain mépris cette portion de la Bible, comme si elle n’était pas de Dieu, ou comme si elle était sans importance puisqu’elle ne retrace pas les grands principes du salut. Mais il est facile de s’apercevoir qu’un tel raisonnement est insoutenable. Dieu veut nous dire la vérité quant à toutes choses. Il nous dit où se trouve la véritable paix (Jean 16:33), et la joie qui dure à jamais (Ps. 16:11) ; Il déroule aussi devant nos yeux la scène de ce monde, dans laquelle la joie et le bonheur ne sont que passagers et se changent bientôt en amertume.

Dieu, dans sa grâce, a fourni au roi Salomon la sagesse convenable pour comprendre et décrire, dans des paroles dictées par le Saint Esprit (1 Cor. 2:13 ; 2 Pierre 1:21), tout ce que l’homme peut rencontrer autour de lui dans ce monde, et tout ce à quoi il peut s’attendre ici-bas. Ne nous importe-t-il pas de le savoir ? Mais si l’on ne veut pas écouter la sagesse de Salomon, on n’écoutera pas non plus Celui que seul était plus sage et plus grand que Salomon, savoir notre adorable Seigneur et Sauveur Jésus Christ (Matth. 11:42).

Ce livre a bien des attraits pour la jeunesse. Dieu nous fasse saisir les précieuses leçons qui y sont contenues, et nous rende heureux en les mettant en pratique !

 

1.3   L’instruction de Salomon et celle du Seigneur Jésus

Le mot « Écclésiaste » veut dire « Prédicateur ». C’est le titre que prend le roi Salomon, le fils de David, quand il annonce toutes ces choses relatives à la terre. L’Esprit de Dieu se sert d’un mot semblable en parlant de Jésus Christ, le vrai Fils de David (Matth. 1:1), alors qu’Il parcourait les villes de Galilée, annonçant les choses du ciel, tout ce qui concernait le royaume de Dieu (Matth. 4:23 ; Marc 1:14, 15 ; Jean 3:12 ; Act. 28:31). Mais quelle différence entre les deux prédications comme aussi entre les deux prédicateurs, quoique l’un fût un type de l’autre. Ils étaient tous deux « fils de David » selon la chair. Salomon, fils immédiat, succéda à son père David dans la puissance et dans la gloire de son royaume. Jésus, fils descendant du même David, a été LE FILS que Dieu avait toujours eu en vue, le seul qui pouvait faire valoir les belles promesses que Dieu avait prononcées à David, le seul en qui pouvaient s’accomplir toutes les prophéties.

Salomon, homme de paix, était destiné de Dieu pour établir en gloire le royaume d’Israël, ainsi que pour bâtir le temple magnifique et y organiser le service divin. Jésus, qui est notre paix (Éph. 2:14), est descendu ici-bas afin d’annoncer le royaume de Dieu, et de nous parler d’un culte en esprit et en vérité (Jean 4:24), un culte dans lequel les adorateurs connaissent leur relation actuelle avec Dieu comme Père, un culte dont Jésus Lui-même est le temple éternel, constamment ouvert et toujours accessible (comparez Jean 2:21 ; Apoc. 21:22).

Oui, Salomon était un type de Jésus. Il est vrai que les types sont toujours faibles en présence de la réalité qu’ils représentent, mais ils nous aident à saisir mieux la valeur et les divers aspects de ce qu’ils préfigurent, soit par comparaison, soit par contraste. Ici nous avons le contraste.

Salomon est devenu riche ; il devint plus grand qu’aucun des rois de la terre, tant en richesses qu’en sagesse. Jésus, étant riche, s’est fait pauvre. Salomon s’est procuré tout ce que son âme a pu souhaiter sur la terre. Jésus a eu faim et soif, et Il n’avait pas un lieu où Il pût reposer sa tête :

 

Le renard a sa tanière,

Et l’hirondelle son nid ;

Mais Lui, pauvre et solitaire,

N’avait pas même un abri.

 

La gloire de Salomon était si grande que la reine de Shéba, en la voyant, en fut toute ravie hors d’elle-même (2 Chron. 9:4). Mais Jésus fut méprisé de tous, on ne le regardait que comme le fils du pauvre charpentier méconnu de Nazareth, de sorte que quand fut accomplie la parole du prophète qui dit : « Il n’a ni forme, ni éclat ; quand nous le voyons, il n’y a point d’apparence [en lui] pour nous le faire désirer » (Ésaïe 53:2). Salomon, envisageant toutes choses du sommet de la gloire à laquelle il était parvenu, lui qui avait essayé de tout ce que la terre peut fournir de meilleur, s’écrie : « Tout est vanité et poursuite du vent ». Jésus, descendant dans ce monde de péché et de misère, en y apportant les richesses indicibles et la connaissance des choses ineffables qu’Il avait vues et goûtées dans le sein de son Père dans le ciel, s’écrie : « Venez à moi, et moi, je vous donnerai du repos ». « Celui qui croit [en moi], a la vie éternelle ». « Moi, je suis la résurrection et la vie ». « Vous aurez la paix » (Matth. 11:28 ; Jean 6:47 ; Jean 11:25 ; Jér. 23:17). Quel contraste !

Néanmoins, ces deux instructions différentes sont utiles pour nous tous. Heureux serez-vous, chers lecteurs, si, en entendant de la bouche de Salomon ce qui en est des choses de la terre, vous êtes amenés à en détourner votre cœur pour avoir vos affections uniquement en Jésus et aux choses du ciel où Il est maintenant assis à la droite de Dieu. Heureux serez-vous encore si vous apprenez à marcher sagement à travers ce monde, « n’en usant pas selon votre propre gré ; car la figure de ce monde passe » (1 Corinthiens 7:31).

 

2                        Les travaux du Prédicateur

En considérant les travaux du Prédicateur, ainsi que les motifs qui l’engagèrent à les faire, il ne faut pas oublier qui il était. Non seulement sa position comme roi lui donnait une autorité absolue sur tous ses sujets, mais il était devant Dieu le plus grand de tous les rois de la terre, en tant que roi du peuple choisi, Israël, et comme fils de David auquel Dieu avait fait tant de magnifiques promesses. Ajoutons à sa grandeur la sagesse que Dieu lui avait accordée en réponse à sa requête (voyez 1 Rois 3:5-12), et nous comprendrons aisément que personne mieux que Salomon ne pouvait apprécier d’une manière plus juste toutes les choses qui se passent sur la terre. Il est écrit en effet que Salomon était plus sage que qui que ce fût (1 Rois 4:31). Dieu a permis que ce grand roi écrivit les expériences et les observations qu’il a faites sur tout ce que nous voyons autour de nous, afin que nous en retirions instruction et profit, et que nous nous contentions de savoir ce que l’Ecclésiaste nous en dit, sans nous flatter, en nous laissant bercer par de folles illusions, de trouver autre chose sur la terre que ce que Salomon y a trouvé ; « car que fera l’homme qui viendra après le roi ? — ce qui a été déjà fait » (2:12). « Ce qui a été, c’est ce qui sera ; et ce qui a été fait, c’est ce qui se fera ; et il n’y a rien de nouveau sous le soleil » (1:9).

 

Le roi avait remarqué que, dans ce monde, chacun travaillait. Il voulut donc sonder avec sa sagesse la raison de ce travail ; mais il arriva bientôt à la conclusion que Dieu tient la haute main sur tout, et qu’Il ne trouve pas à propos de nous expliquer toutes les choses qu’Il fait ; et qu’à la fin du compte, en présence des résultats si imparfaits de notre travail, et en considérant ce que nous voyons autour de nous ici-bas, nous avons à confesser comme Salomon que : « Ce qui est tordu ne peut être redressé, et ce qui manque ne peut être compté » (1:15).

À propos de cela, le Prédicateur ajoute un sage conseil, savoir qu’il n’est pas bon de poser trop de questions ou de faire trop de recherches. « Qui augmente la connaissance, augmente la douleur » (1:18). C’est-à-dire qu’il vaut mieux être content de son état que de se demander sans cesse : Pourquoi Dieu m’a-t-il fait ainsi ? Il faut regarder l’œuvre de Dieu, ainsi que nous y sommes invités au chapitre 7:13 : « Considère l’œuvre de Dieu, car qui peut redresser ce qu’il a tordu ? »

Chacun a sa croix à porter, chacun trouve dans son lot quelque chose qui lui est une cause de tristesse lorsqu’il y pense. Celui qui le reçoit de la main de Dieu, dans un esprit de contentement, est bienheureux ; celui qui regimbe se verra bientôt beaucoup plus malheureux qu’il n’était. Vous pourrez, sans doute, vous rappeler beaucoup d’exemples de ce que nous venons de dire, et que l’on rencontre fréquemment parmi les histoires que nous raconte le livre de Dieu, nous montrant tantôt ceux qui se sont soumis à Dieu, tantôt ceux qui se sont opposés à sa volonté. Deux des plus frappantes se trouvent dans le livre d’Esther, à propos d’Haman et de Mardochée. Haman était Agagien, c’est-à-dire Amalékite, ennemi juré du peuple de Dieu (Exode 17:16 ; 1 Sam. 15:8) ; tandis que Mardochée était juif. Assuérus, roi de Perse, avait avancé Haman au plus haut degré de son royaume, de sorte que tout le monde se prosternait devant lui et recherchait sa faveur à l’exception d’un seul : c’était Mardochée, lequel craignait Dieu et ne voulait pas s’incliner devant un Amalécite. Aussi chacun pensait que Mardochée allait payer cher sa fidélité. En effet, Haman avait formé le dessein de le mettre à mort avec toute la race des Juifs. Pourquoi donc Mardochée n’agissait-il pas comme tous les autres ? Cela ne l’aurait pas beaucoup dérangé de s’incliner un peu quand Haman passait ! Mais non, Mardochée ne pouvait pas raisonner ainsi. Comme Juif, son devoir vis-à-vis de Dieu était de refuser à Haman toute marque de déférence. Quant à Aman, il semblait que tout allait bien pour lui ; il était l’ami du roi ; il avait tout ce qu’il pouvait désirer en fait de pouvoir ; ses richesses, sa gloire, sa femme et ses dix enfants devaient être pour cet heureux mortel autant de sujet de satisfaction et d’orgueil ; « Mais tout cela ne me sert de rien aussi longtemps que je vois Mardochée, le Juif, assis à la porte du roi » (Esther 5:13). Qu’est-il arrivé dans la suite ? Ses desseins contre Mardochée furent la cause de sa ruine ; et le fidèle Mardochée fut élevé à la haute place qu’Haman avait occupée avant lui.

Revenons, toutefois, au roi Salomon et à ses expériences. Considérant que le travail est la portion de tout homme ici-bas, et qu’il y avait toujours une certaine mesure de peine particulière attachée au lot de chacun, Salomon se mit à rechercher s’il n’y aurait pourtant pas un genre d’occupation qui pût procurer plus d’agrément que les autres, un travail qu’ils feraient sous les cieux tous les jours de leur vie (2:3). Voilà pourquoi il a entrepris les travaux grandioses qui l’ont occupé.

Il s’est fait des choses magnifiques ; il s’est bâti des maisons ; il s’est planté des vignes, des jardins, des vergers avec des réservoirs d’eau pour les arroser ; il s’est acquis des serviteurs, des chanteurs et des chanteuses avec plusieurs harmonies de toute espèce d’instruments ; il s’est amassé de l’argent et de l’or avec toutes sortes des plus précieux joyaux ; enfin, pour que rien ne vînt à manquer à l’approvisionnement de ses domaines, il avait plus de menu et de gros bétail que tous ceux qui avaient été avant lui à Jérusalem. En 2 Chroniques 9 on trouve une description de toute la magnificence de son palais ainsi que l’effet que tant de grandeur produisit sur la reine de Shéba qui était elle aussi habituée à une splendeur royale peu ordinaire, à en juger d’après le train dont elle était accompagnée, et les présents qu’elle apportait au roi Salomon. Mais la gloire du roi surpassait encore de beaucoup, dit-elle, tout le bruit qui s’en était répandu dans les pays environnants.

Malgré tout cela, lorsque Salomon put contempler tout ce qu’il avait fait, il sentit qu’il n’était pas plus satisfait qu’auparavant. Le travail avait été agréable à faire en vue de ses brillants résultats ; mais, une fois le résultat atteint, « tout était vanité et poursuite du vent ». Et le grand roi en est venu au point de haïr la vie sur la terre et tous ces travaux. La mort et la corruption ne mettraient-elles pas bientôt fin à tout dans ce monde ; et, quand même quelque chose de toute cette gloire subsisterait après la mort de Salomon, qui pourrait dire que son successeur n’en ferait pas mauvais usage et ne perdrait pas tout ce que Salomon avait amassé avec tant de peine ? En effet, nous savons que son successeur Roboam ne fut pas un homme sage et que, pendant son règne, le roi d’Égypte s’empara d’une grande partie des richesses royales

Donc, la conclusion à laquelle Salomon est arrivé, la voici : si l’on cherche à améliorer son état sur la terre, on ne fait qu’ajouter inutilement à ses peines. Le meilleur pour l’homme, dit l’apôtre Paul qui aussi l’avait appris par expérience, c’est d’être content dans la position et les circonstances dans lesquelles on se trouve (Voyez Phil. 4:11 ; 1 Tim. 6:6-10).

Nous réserverons pour le point suivant, Dieu aidant, l’instructive leçon que Salomon a tirée du travail ; et remarquons ensemble un passage très solennel à la fin du chapitre 2, par lequel on voit que l’occupation qu’on se donne à recueillir et à s’amasser des biens est quelquefois une punition de la part de Dieu. Souvenez-vous-en, chers lecteurs, si vous étiez portés à envier le sort de ceux qui paraissent prospérer dans ce monde et qui veulent devenir riches (Lisez Psaume 73:1-24). L’avare est le plus misérable des hommes. Que Dieu vous garde d’imiter son exemple ! Mais qu’Il vous accorde plutôt de venir à Jésus, le Sauveur, afin qu’étant sauvés par sa grâce votre vie toute entière soit consacrée à Celui qui s’est donné Lui-même pour nous, et qu’ainsi vous goûtiez le bonheur qu’il y a de travailler pour Lui et de Le servir.

Seigneur, Toi qui, pour nous, t’offris en sacrifice !

Nous voulons, en retour, vouer à Ton service

Nos jours, nos biens, nos corps, nos cœurs.

Pour que nous le puissions, malgré notre faiblesse,

Augmente notre foi, fais que par Toi, sans cesse,

Nous soyons tous plus que vainqueurs.

 

3                        Le travail et l’importante leçon à en tirer

3.1   Chapitres 2 à 6 — Le travail : pour quoi et comment

La leçon du Prédicateur relative au travail constitue le grand sujet de tout le livre après le chapitre 2, et elle peut être considérée comme la réponse à la question posée au chapitre 2 verset 3, question que l’on peut résumer ainsi : Quel est le meilleur travail pour un homme ici-bas sur la terre ?

La réponse est que, n’importe le travail que l’on fait, il faut agir de telle manière qu’en le faisant notre âme jouisse du bien qu’il procure (2:24 ; 3:13, 22 ; 5:18) ; ou, en d’autres termes : si l’on n’est pas heureux pendant que l’on travaille, on ne le sera jamais ; car, une fois le travail terminé, ce n’est pas son achèvement qui amènera une joie durable, parce que tout ce qui en reste n’est que vanité et poursuite du vent.

C’est là une leçon très utile et pourtant combien peu de gens y pensent ! Voyez-vous ce garçon grogneur, perdant son temps à se plaindre de ce que sa tâche est trop difficile et qui se lamente sur son funeste sort. Est-il heureux ? Certes pas ! Il gaspille son temps ; et si, par hasard, il arrive au bout de son travail, est-ce que toute sa tristesse sera bientôt changée en joie ? Oh, non ! Car la pensée lui vient aussitôt que demain il aura autant à faire qu’aujourd’hui. Effectivement, le travail d’aujourd’hui n’ôte pas le fardeau du lendemain. « À chaque jour suffit sa peine ».

Si, par contre, notre garçon apprend ses leçons avec zèle et fait gaiement son devoir, que lui en reste-t-il quand il a fini ? Sa joie passe avec la tâche, il y aura une autre tâche à répéter le lendemain ; mais il a été joyeux aujourd’hui en faisant ce qu’on lui avait donné à faire, et il pourra l’être également demain. Celui-ci passe « la vie de sa vanité sur la terre » avec joie, tandis que l’autre la passe avec tristesse. À qui la faute ?

Voyez-vous encore cette petite fille qui fait le lit, balaie la chambre, en chantant des cantiques. Est-elle heureuse ? Personne n’en doute. Et pourquoi est-elle si heureuse ? Sera-ce là la fin de ses peines ? N’y aura-t-il plus de lit à faire, de chambre à balayer ? Bien au contraire ; tout est à refaire le lendemain ; mais elle a été heureuse dans son travail aujourd’hui, et elle pourra être encore heureuse demain.

Y a-t-il sur la terre une occupation plus fâcheuse que celle de cuisinier ? Tout ce qu’ils font est détruit, disparaît aussitôt qu’ils l’ont achevé ; et plus ils se donnent de peine à bien faire leur travail, plus on se donne le plaisir de ne pas en laisser de reste ! Quelle leçon de vanité ! Pourtant c’est là le couronnement de tout le travail de l’homme ; parce que « tout le travail de l’homme est pour sa bouche, et cependant son désir n’est pas satisfait » (6:7). Quant au cuisinier même, à part la pensée du plaisir qu’il peut procurer à autrui, rien ne l’empêche d’être très heureux dans son travail. Il fait son devoir, il vit au jour le jour. Remarquons ici en passant que, s’il est souvent parlé dans ce livre de manger et boire, c’est toujours dans le sens de prendre ce qui est nécessaire pour soutenir convenablement la vie du corps, pas davantage.

Le grand secret pour être heureux par son travail, c’est de l’être pendant qu’on le fait car tout travail est ordonné de Dieu. Chaque chose a sa saison, mais tout ce que Dieu fait demeurera tel, et l’on ne saurait y apporter aucun changement (chapitre 3).

Sans vouloir entrer dans tous les détails des instructions que contient le livre de l’Ecclésiaste, nous désirons cependant attirer votre attention sur quelques-uns des points saillants car ce n’est jamais trop tôt ou tard, n’est-il pas vrai, pour apprendre des choses qui sont utiles toute la vie.

 

3.2   Chapitres 4 et 5

Au chapitre 4 comme ailleurs, il est pleinement constaté que le péché règne partout dans ce monde. Pour le moment, Dieu laisse faire, bien qu’Il prenne garde à tout ce qui se fait (et chacun aura à rendre compte à Dieu de toutes ses œuvres) ; mais Dieu laisse faire parce que c’est le jour de grâce, le jugement n’a pas encore lieu.

Il ne faut donc pas s’étonner de voir toute sorte d’oppression sur la terre, sans qu’il paraisse possible d’y mettre ordre. Celui qui agit justement sera toujours l’objet de la jalousie et de l’envie de ses voisins, mais il ne faut pas y faire attention. « Celui qui craint Dieu sort de tout » (7:18). Il faut remettre à Dieu toutes ses voies, et se confier en Lui (Voyez Psaume 37:4-8).

On doit profiter de l’assistance qu’on nous offre, car deux valent mieux qu’un, qu’il s’agisse d’achever un travail quelconque ou de donner un conseil (4:9).

Il n’est pas bon de regarder à l’avenir avec la pensée qu’il surviendra de meilleurs jours ; ceux qui mettent leur espérance dans le fils de celui qui règne actuellement, pensant qu’il leur sera plus favorable que son père, se trompent étrangement (4:15). Plus loin (7:10), il est aussi démontré que c’est pareillement une chose vaine que de penser que les jours passés ont été meilleurs que ceux-ci. Nous avons à apprendre à nous contenter du présent.

Il ne faut pas se précipiter à faire des promesses que l’on ne sera peut-être pas à même de tenir. « Crains Dieu » et agis devant Lui (5:1-7).

Il ne faut pas non plus s’ingérer dans les affaires d’autrui, en voulant chercher à redresser les torts qu’on peut lui faire. Dieu est au-dessus de tous et Il voit tout. On peut Lui exposer ces choses qui font souffrir nos cœurs, puis s’attendre à Lui.

Entre les différentes occupations qui sont le partage des hommes, la meilleure, sans doute, est celle que Dieu imposa à Adam lorsqu’il le chassa du jardin d’Éden, la culture des champs ; mais il ne faut pas amasser les produits de la terre, ou de l’argent en vue de devenir riche : on doit, au contraire, se servir du fruit de son travail tant pour soi que pour sa famille et pour ceux qui sont dans le besoin (Éph. 4:28). Un homme riche peut agir d’après la même règle (Comparez 1 Tim. 6:17-19).

 

3.3   Chapitres 6 à 11

Le chapitre 6 montre combien c’est triste de ne pas pouvoir jouir de ce qu’on a. Dans le chapitre 7, toute légèreté est reprise. Il y a une fausse joie qui fait beaucoup de bruit ; mais la véritable joie est connue de celui qui est patient dans la tribulation et qui met sa confiance en Dieu. La fin du chapitre 7 et les chapitres 8, 9 et 10 nous montrent le contraste qu’il y a entre la sagesse et la folie, entre la justice et la méchanceté. Salomon a dû constater que le péché règne partout : « Certes, il n’y a pas d’homme juste sur la terre qui ait fait le bien et qui n’ait pas péché » (7:20). « Parce que la sentence contre les mauvaises œuvres ne s’exécute pas immédiatement, à cause de cela le cœur des fils des hommes est au dedans d’eux plein [d’envie] de faire le mal » (8:11). Quel tableau de ce que nous sommes ! Combien le cœur naturel abuse de la grâce et de la patience de Dieu ! On aime le mal, et bien qu’on ait été délivré par le moyen du juste, on l’oublie aussitôt. On ne se souvient pas de l’homme pauvre et sage qui délivre la ville de la main des puissants (9:13-18) (Cet homme pauvre et sage est évidemment, dans un sens prophétique, notre Seigneur Jésus Christ Lui-même).

Il faut retenir son esprit, afin de ne pas penser ni parler en mal d’autrui. « Celui qui creuse la fosse y tombera ». Ce sont les gens paresseux qui trouvent le plus facilement le temps de médire des autres. Il faut être diligent, et « Tout ce que ta main trouve à faire, fais-le selon ton pouvoir » (9:10). Ce qu’il vaut la peine de faire, il vaut la peine de le faire bien.

Enfin, « Jette ton pain sur la face des eaux » (11:1), c’est-à-dire : fais du bien à chacun, quand l’occasion s’en présente. Si tu vis pour complaire à toi-même, Dieu t’amènera en jugement ; et que diras-tu alors ? Si tu vis pour faire du bien tout autour de toi, cela te produira une moisson de bénédictions plus tard ; Dieu n’oublie pas ce qui est pour Lui. « Dieu aime celui qui donne joyeusement » (2 Corinthiens 9:7).

Nous avons un exemple parfait devant nous ; celui de notre Seigneur Jésus Christ, qui n’a point cherché à plaire à Lui-même (Rom. 15:3). Que Dieu nous accorde d’imiter ce saint modèle afin que sa joie aussi soit accomplie en nous. Il n’a jamais cessé de travailler pendant tout le temps de sa vie sur la terre, et toujours en vue du bien de ceux au milieu desquels Il vivait. Il avait la conscience de toujours faire ce qui était agréable à son Père (Jean 8:29). Voilà la véritable joie ! Que Dieu vous donne, chers lecteurs, de pouvoir vous approprier comme enfants de Dieu l’instruction de Colossiens 3:17, qui est une espèce de commentaire de l’Ecclésiaste : « Et quelque chose que vous fassiez, en parole ou en œuvre, [faites] tout au nom du Seigneur Jésus, rendant grâces par lui à Dieu le Père ».

 

4                        Le but de tout le discours — Chapitre 12

4.1   Souviens-toi de ton Créateur aux jours de ta jeunesse

Le dernier chapitre du livre de l’Ecclésiaste s’adresse d’une manière toute particulière à la jeunesse et nous nous y arrêterons un peu. Ce chapitre débute par une exhortation affectueuse qui est en même temps un solennel avertissement : « Souviens-toi de ton Créateur aux jours de ta jeunesse ».

Le prédicateur accompagne son exhortation d’un beau tableau qui a pour but de montrer ce que l’on peut attendre sur la terre. Lorsqu’on est jeune, que d’illusions ne se fait-on pas quant à ce monde ? On pense toujours que l’avenir sera bien plus beau que le présent, qu’on pourra toujours plus facilement faire ce que l’on désire soit en bien soit en mal. Hélas, on se trompe ! Les réalités de la vie viennent bientôt dissiper une à une toutes ces illusions.

Quelques-uns d’entre vous ont eu peut-être des parents très indulgents ; et si vous vous trouvez en ce moment éloignés du toit paternel, vous pensez fréquemment, sans doute, à la tendresse de votre bonne mère qui ne cessait de s’occuper de votre bien-être, et vous prévenait de ses soins si doux, si affectueux. À peine pouvait-elle vous refuser quelque chose. Vous pouviez vous croire alors le maître de la maison, et penser que tout devait plier devant votre petite volonté. Mais en entrant en classes et en ayant affaire avec des personnes qui, tout en cherchant réellement votre intérêt, ne peuvent néanmoins pas avoir pour vous la même sollicitude que la mère, vous ne tarderez pas à découvrir qu’il y a dans le monde des volontés plus fortes que la vôtre, et cela vous fournira l’occasion d’apprendre que l’obéissance coûte moins que l’entêtement et l’insubordination. En êtes-vous encore à rêver des beaux jours futurs quand vous serez libres de faire votre volonté, libres de tout frein de vos parents et de vos maîtres ? Dans ce cas vous aurez à faire l’expérience que le monde est encore plus sévère que vos maîtres, et cela avec une différence plus grande encore que celle que vous trouviez entre leur sévérité et celle de vos parents. Le monde ne sait pas aimer ; il n’a d’égards que pour ceux dont il espère tirer quelque profit. Vous aurez à rencontrer le monde, à faire face à tous les soucis qui s’y trouvent ; un moment ou l’autre vous aurez à entrer dans toutes les réalités de la vie, et à faire l’expérience, si Dieu vous laisse sur la terre, que les forces dans lesquelles le jeune homme se réjouit s’en vont plus vite qu’elles ne sont venues, et que nous devenons ainsi de plus en plus dépendant de ceux qui nous entourent.

Ceux-là sont vraiment heureux qui ont appris, dès le commencement de la vie, à marcher dans la dépendance de Dieu, dans la soumission à sa sainte volonté. Ils peuvent être heureux dans les circonstances même les plus pénibles, car ils savent que toutes choses concourent ensemble à leur bien. Ils aiment Dieu ; ils aiment le servir, le connaître, marcher dans sa communion.

Il est impossible d’être indépendant dans ce monde. On croit l’être quelquefois, ou bien on s’efforce de l’être ; mais on ne réussit pas. Le diable est le maître ici-bas. Ce n’est que le Fils de Dieu qui peut nous affranchir. Quand on est enfant de Dieu, alors on est indépendant du monde parce qu’on appartient à Jésus qui l’a vaincu.

Aussi longtemps qu’on peut être appelé à vivre sur la terre, qu’aura-t-on à attendre ? Rien que des mauvais jours, si l’on veut chercher quelque chose ici-bas. Mais il y a de la joie déjà sur la terre pour ceux qui aiment Dieu. Voilà pourquoi la voix du prédicateur se fait encore entendre, et c’est pour vous aussi qu’elle résonne en disant : « Souviens-toi de ton Créateur aux jours de ta jeunesse ».

 

4.2   Aboutissement de la vie

Lorsqu’on devient vieux, la vue s’affaiblit, on ne jouit plus de la clarté du soleil, on perd ses dents, on n’a plus le courage d’aller et de venir, et la porte demeure fermée sur la rue ; on perd le sommeil, l’appétit, les forces ; les amis s’en vont et l’intérêt qu’on prenait à tout n’existe plus ; enfin le vase fragile se rompt, l’âme s’envole, et le corps retourne à la poussière à laquelle il appartient. Puis l’âme, que devient-elle ? L’esprit immortel qui vient de Dieu et qui ne peut pas mourir, où va-t-il ? Si nous appartenons à Jésus, nous savons qu’il a dit à son Père : « Je veux, quant à ceux que tu m’as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi » (Jean 17:24) ; de sorte que nous avons l’assurance qu’Il ne lâchera aucun de ses bien-aimés rachetés. Il a dit encore de celui qui croit en Lui : « Je le ressusciterai au dernier jour ». Mais pour ceux qui ne connaissent pas Jésus, après la mort vient le jugement (Héb. 9:27), comme cela se trouve aussi dans notre chapitre : « Dieu amènera toute œuvre en jugement, avec tout ce qui est caché, soit bien, soit mal » (12:14). Il faut que toute âme comparaisse devant Dieu pour lui rendre compte de tout ce que nous aurons fait. Jésus déclare même que les hommes rendront compte au jour du jugement de toute parole oiseuse qu’ils auront dite (Matth. 12:36). Que diriez-vous si vous étiez appelés maintenant à comparaître devant le tribunal de Dieu ? Pourriez-vous faire valoir devant Dieu le sang précieux de l’Agneau qui purifie de tout péché ? On n’est jamais trop jeune pour se convertir parce qu’on n’est jamais trop jeune pour mourir. Le moment le plus facile pour croire en Dieu, c’est celui d’à présent ; car, dans sa bonté, Dieu répète que « maintenant est le temps favorable ». Ce n’est pas peu de choses de renvoyer le salut que le grand Dieu appelle : « MAINTENANT » ; pas peu de chose, non plus, de refuser de répondre à l’invitation de Jésus qui dit : « Venez à moi ». Ah ! Voulez-vous encore vivre loin de Lui ?

 

4.3   Crains Dieu et garde ses commandements

Salomon nous dit que le but de tout le discours, c’est de craindre Dieu et de garder ses commandements. Vous vous rappelez, n’est-ce pas, que c’est ce qu’Adam n’a pas pu faire. Il n’a pas gardé le commandement de Dieu et, par cette désobéissance, le péché est entré dans le monde. Nous avons à apprendre que, par nous-mêmes, nous ne pouvons pas davantage le garder ; aussi Salomon ne nous dit-il pas comment on peut le faire. C’est Jésus qui nous enseigne à cet égard. Il est venu dans ce monde afin de chercher les pécheurs perdus et les sauver, leur donner la vie éternelle et porter lui-même leurs péchés dans son propre corps sur le bois de la croix. « La grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ » (Jean 1:18).

 

4.4   Un jugement final

Le livre de l’Ecclésiaste se termine par l’annonce du jugement à venir, mais Jésus a dit : « En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie » (Jean 5:24). Donc il n’y a pas de jugement à craindre pour celui qui est lavé dans le sang de Jésus. Son jugement est déjà passé, c’est Christ qui l’a porté et subi à sa place. Mais celui qui ne croit pas en Jésus a un jugement terrible à attendre, non seulement pour tous les péchés qu’il a commis mais surtout pour le péché des péchés, celui d’avoir rejeté la grâce de Dieu et de n’avoir pas voulu écouter sa voix lorsqu’Il parle dans Son propre Fils.

Chers lecteurs, j’espère qu’aucun de vous ne sera du nombre de ces indifférents qui négligent un si grand salut. Lisez Hébreux 1:1-3 ; 2:1-4.

À ceux parmi vous qui, par la grâce de Dieu, sont convertis, nous rappelons ici à leur mémoire et à leur cœur une autre exhortation à se souvenir, adressée par Paul à Timothée : « Souviens-toi de Jésus Christ ressuscité d’entre les morts ». Comparez aussi Jean 14:1.