Prisonnier des Indiens
Denis, solidement ligoté à un
arbre, considère sa Bible que les Indiens ont jetée si
près du feu lorsqu'on l'a fait prisonnier.
Ah, si seulement il avait eu le temps de leur parler de l'amour de Dieu !
Il aurait voulu leur dire ce dont son cœur est rempli: leur dire qu'il
y a autre chose que la haine, leur dire que Dieu les aime, eux les Indiens, leur
dire aussi que Jésus est venu mourir sur une croix pour chacun d'eux.
Mais les Indiens n'ont vu en lui qu'un ennemi, et c'est pour cela que
Denis est attaché à un arbre, attendant que là-bas, un groupe de guerriers,
assis en rond, décide de son sort.
Serait-ce pour moi le bout du chemin? songe-t-il. |
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Non, il ne faut pas qu'il meure
Mais ce que Denis ne sait pas, c'est que là-bas, dans l'ombre,
deux yeux le regardent. 'Lumière des étoiles' la fille
du chef indien, fixe de ses yeux noirs cet homme prisonnier dont le visage
est si différent de celui des hommes de sa tribu.
— Non, il ne faut pas qu'il meure, murmure 'Lumière des étoiles'.
Elle se souvient de ce que sa grand-mère lui avait dit avant de
mourir:
— 'Lumière des étoiles', disait Grand-mère, il y
a longtemps, un homme blanc est venu au village, pendant que les hommes étaient à la
chasse. Il avait avec lui un livre qui parlait d'un Dieu qui pardonne.
'Lumière
des étoiles', disait encore Grand-mère, lorsque notre peuple
connaîtra
le Dieu de l'homme blanc, alors nous connaîtrons le bonheur.
Grand-mère n'était plus, mais l'homme blanc était là avec
son livre, tout à fait semblable à celui dont Grand-mère
avait parlé.
— Non, il ne faut pas qu'il meure.
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Au feu ! Au feu !
Soudain 'Lumière des étoiles' disparaît
dans la nuit qui maintenant enveloppe le village indien.
Quelques instants après, des clameurs retentissent:
— Au feu! Au feu!
Les hommes se sont levés et se précipitent... mais presque au même
instant, Denis entend un pas léger derrière lui.
— Ne bougez pas, mon couteau est tranchant.
Ses liens coupés, Denis s'étire et considère la frêle
enfant qui a déjà ramassé son livre, et qui l'entraîne
vers son cheval rendu nerveux par l'odeur du feu.
— Vite, il faut que vous partiez vite, murmure Lumière des étoiles
avec insistance. |
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Je ne peux pas la laisser
Les membres encore engourdis, Denis parvient pourtant à se mettre
en selle.
— Partez, supplie la fillette, tandis que des cris avertissent que la fuite
du prisonnier est découverte.
Denis comprend alors qu'il ne peut laisser cette enfant aux mains de
ces guerriers cruels. Peut-être voudront-ils se venger sur elle! La saisissant à bras
le corps, il l'installe sur l'encolure de sa monture et part au galop.
Le temps a passé.
Les jours ont succédé aux jours. Quelques mois après, nous
retrouvons le village indien. Assis tout près du feu, le chef de la tribu
tremble de fièvre. Il tend ses mains et ses pieds à la flamme,
essayant désespérément de se réchauffer.
Tristement le chef songe: la terrible maladie qui dévaste la tribu va-t-elle
l'emporter lui aussi comme elle a emporté déjà tant
et tant d'habitants du village? |
Tu es revenue !
Absorbé par ses tristes pensées, il n'entend pas le bruit d'un
pas léger derrière lui. Ce n'est que lorsqu'il sent la présence
de quelqu'un près de lui qu'il sursaute et se retourne:
– Oh! 'Lumière des étoiles', tu es revenue !
Lumière des étoiles regarde son père.
— Mais tu es malade?
Le chef regarde sa fille de ses yeux tristes.
— Sais-tu, reprend-elle, que l'homme blanc n'est pas un ennemi? Il a construit,
loin d'ici, dans une clairière, une grande maison dans laquelle il soigne
l'homme rouge et lui donne des remèdes contre la terrible maladie. |
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Sais-tu que le Dieu de l'homme blanc pardonne ?
'Lumière des étoiles' voudrait en dire davantage... Elle
parle avec animation en secouant ses lourdes nattes noires... Et sais-tu
que le Dieu de l'homme blanc pardonne?
Le lendemain, le chef s'est mis péniblement en selle. Conduit
par 'Lumière
des étoiles', il a pris le chemin de la grande maison de l'homme blanc.
Là-bas, il a reçu des médicaments des mains mêmes
de celui qu'il avait voulu tuer quelques mois auparavant.
Là-bas, Denis lui a parlé de son Dieu qui pardonne, de ce Dieu
qui a donné son Fils Jésus pour sauver l'homme rouge. Et alors
que la fièvre quitte le corps du chef indien, son cœur s'ouvre à l'amour
du Dieu qui pardonne. |